Échouer, l’un des plus formidables moteurs pour réussir
« Échec » (d’après le dictionnaire Larousse) :
Résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite ; défaite, insuccès, revers : Subir un échec.
Accepter l’idée de l’échec, c’est renforcer son estime de soi.
Pour réussir, il faut échouer, mais pourquoi est-il normal d’échouer ?
Tout simplement parce que nous sommes humains, et par définition imparfaits. Il suffit pour s’en convaincre d’allumer sa télé. Les informations ne cessent de mettre en lumière à quel point les représentants de notre espèce sont faillibles.
Rappelons d’abords que nous sommes capables de choses exceptionnelles, de grandes réussites que chacun pourra juger avec sa propre échelle de valeur : peindre le plafond de la chapelle Sixtine, marcher sur la lune, mais aussi parcourir en courant sans s’arrêter 10 km, terminer son premier trail ou encore obtenir le travail de ses rêves…
Nous sommes cependant aussi caractérisés par notre propension à échouer. On peut échouer à faire, mais aussi à comprendre, à entendre, à accepter, à tolérer et en faire la démonstration quand on est violent par exemple. Dans ces derniers cas, c’est bien entendu moins évident de l’accepter quand on est concerné. En effet, échouer peut signifier avoir fait une ou plusieurs erreurs, mais la définition de l’erreur comme de la vérité et son appréciation reste très personnelle.
Être imparfait, c’est être humain. Échouer, c’est être différent d’un ordinateur, d’une calculatrice et à fortiori d’un robot. Qui parmi nous voudrait vivre avec l’un d’entre eux ? Ne jamais être contredit, être toujours complimenté, écouté ou respecté aurait du bon, mais ce serait sans conteste ennuyeux au possible.
Alors n’oubliez pas, tous les humains échouent. TOUS, même votre patron si vous en avez un, même les gens qui vous impressionnent et que vous admirez, même ceux à qui vous vous comparez. Mozart, Einstein, Chagall, Marie Curie, Neil Amstrong, Steve Jobs, Nelson Mandela ou J. K. Rowling, tous ont parfois (souvent) échoué.
Comme nous tous, toutes celles et ceux qui ont accompli de grandes choses, ou en accomplissent encore, ont échoué et/ou se sont trompé. La plupart des grands scientifiques, comme des grands sportifs ont surtout échoué. Si vous en doutez, jetez un oeil au parcours de Darwin, de Roger Federer ou de Tiger Woods. Échouer, c’est inévitable, vouloir à tout prix l’éviter est dangereux. Cela peut facilement conduire au déni, au perfectionnisme, à la procrastination et en tout cas loin de votre objectif et de la réussite que vous pourriez y associer !
« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux. »
Samuel Beckett
Cette phrase de Beckett dit l’essentiel. L’échec fait partie du processus de la réussite.
Échouer, échouer, échouer encore et accepter l’idée de l’échec constituent des étapes vers l’objectif final. Le comprendre rend plus fort, se l’approprier change la vie.
Et puis, il me semble fondamental d’ajouter que si la peur de l’échec peut conduire à l’inaction, il est également plus que probable qu’en découle un quotidien fade. Sans action, pas de nouvelles expériences. Le meilleur moyen en effet pour ne pas se planter, mais un appauvrissement personnel difficile à contester.
En 1878, Thomas Edison a passé de longues nuits dans son atelier à essayer d’allumer cette ampoule. Il a essayé des milliers de fois sans y parvenir. Un acharnement expliqué ensuite par ce qui était qualifié comme son incroyable volonté. Il semble pourtant que nous pourrions l’interpréter différemment. Car en fait il réussissait bien, à essayer. Il savait que le seul moyen de se rapprocher de la vérité était de commencer par ne pas comprendre. Faire des erreurs, c’est simplement apprendre.
Explorateurs polaires, sportifs de haut niveau, alpinistes
Dans le cadre de mon travail de coach, j’ai la chance de pouvoir accompagner ou échanger avec des personnes qui atteignent des objectifs remarquables. Pôle nord à pied, sommets de plus de 8000m, plus haute marche du podium et même première place mondiale dans un sport…
Chacune de ces personnes, à l’origine de ce que bon nombre d’entre nous considèrent comme des exploits inaccessibles, ont elles aussi beaucoup échoué. Ce que nous voyons, n’est qu’une minuscule partie du parcours. La réussite attire l’attention, les flashs et les articles dans la presse, mais le parcours pour y parvenir est toujours, plus ou moins, parsemé d’embûches.
Jérôme Brisebourg a complété fin 2019 au Pôle sud l’Explorers’ Grand Slam : gravir le plus haut sommet de chaque continent, et rallier à pied le pôle nord et le pôle sud.
Deux expériences personnelles de l’échec
L’échec et ce qu’il peut nous apprendre ont toujours été parmi les plus formidables tremplins pour parvenir à certains de mes objectifs les plus inaccessibles. Et je crois pouvoir dire que je partais d’assez loin, ayant échoué à trois reprises au bac.
Je regarde mon chemin parcouru avec plaisir, et même une certaine fierté. Échouer n’est pas une finalité, c’est toujours une probabilité. On ne le cherche pas, mais lorsqu’il survient et que l’on peut s’en nourrir, il nous faire grandir.
En 1990, je participe au championnat du monde de Triathlon, l’Ironman d’Hawaii. Une course à laquelle on ne peut accéder que par une qualification particulièrement difficile sur une distance identique. La course, que je raconte ici sur mon site de voyage ne s’est pas du tout passée comme je l’avais envisagé.
Je termine l’article paru a l’époque dans le magazine « Triathlète » par :
« 14 heures 37 minutes 23 secondes. Quatre heures de plus que le temps prévu. Mais cela m’est égal.
Ce soir, je suis vraiment heureux parce que je me suis offert l’un des plus beaux cadeaux : passer la ligne d’arrivée à Kona. Heureux aussi car on apprend plus dans une défaite que dans une victoire, et que cette défaite sur le temps, c’est aussi une victoire sur moi-même. »
Une victoire qui s’est concrétisée par un changement dans mon mode de vie. J’ai alors décidé d’arrêter le triathlon et de ne plus voyager pour des compétitions sans rien voir des pays visités. J’ai choisi d’utiliser désormais le sport comme moyen de découverte et plus comme fin en soi, et ai passé les six années suivantes à enchainer les aventures sportives.
Finir dans le temps prévu et ainsi réussir dans l’atteinte de mon objectif m’aurait satisfait. « Échouer », mais terminer malgré tout m’a nourrit, m’a rendu plus fort, et a considérablement conforté mon estime de soi.
Lors de mon service militaire
Je me souviens ensuite de mon service militaire… en février 1991. J’avais obtenu une très bonne note à l’examen préalable et ce résultat me donnait la possibilité d’accéder au grade de sous-officier. Je trouvais cela conforme à l’image que j’avais de moi, et n’hésite pas aujourd’hui à définir ma réaction du moment comme particulièrement arrogante. J’ai passé les premiers jours avec mes camarades de promotion. Des garçons qui tous, avaient également brillamment réussi leur examen, et avec lesquels j’avais l’impression d’être en quelque sorte connecté. C’est vrai quoi, nous étions tous la crème de cette compagnie.
Quelques jours plus tard, un examen médical approfondi a confirmé mes problèmes d’oreilles et la contre indication au tir. La sanction a été claire : pas de tir = pas de grade de sous-officier = changement de chambre, changement de bâtiment et changement de groupe.
Quoi ? Moi qui avait obtenu une excellente note et méritait largement d’être avec les leaders, je me retrouvais avec les derniers de la classe. J’ai passé quelques temps révolté d’une telle injustice. J’ai vécu cette forme d’échec comme une attaque personnelle.
Et puis, puisque j’étais là et que je ne pouvais rien y faire, j’ai fini par accepter.
Et vous savez quoi ? Je garde aujourd’hui encore de cette expérience humaine des souvenirs forts et émus. J’ai finalement rapidement réalisé que j’étais un vrai con de m’être cru supérieur à ces garçons. J’ai aussi réalisé que si, incontestablement, je pouvais leur apprendre quelques trucs, l’inverse était tout aussi vrai ! Ces deux mois ont été extrêmement enrichissants et plus jamais par la suite il me semble, je ne me suis senti supérieur aux autres.
Ce qui animait ce groupe et faisait cruellement défaut au premier, c’était la fantaisie, l’humour, la simplicité, l’humanité, la capacité à se remettre en question et surtout, la capacité à exprimer sa vulnérabilité.
Je crois que réussir trop souvent endort et fragilise. L’échec au contraire, si on se l’autorise, si on l’accepte et que l’on se sert de lui, est un tremplin extraordinaire pour rebondir.
Voici quelques pistes pour mieux accepter l’idée de l’échec :
Ne jamais oublier que l’échec est humain
Je l’évoque au début de cet article, nous échouons tous. Celles et ceux qui réalisent les choses qui nous paraissent les plus extraordinaires ont probablement beaucoup échoué avant de parvenir à leurs fins. Le petit enfant qui marche n’a cessé de tomber, tomber, et tomber encore. Nous ne cessons d’apprendre, tout au long de notre vie, et l’échec est un élément normal de toute phase d’apprentissage.
Échouez n’est pas une marque de faiblesse. Échouer, cela arrive et c’est normal. Échouer, l’accepter et le reconnaître c’est au contraire mûrir.
Je suis humain, je suis donc faillible, et j’ai le droit de l’être.
En profiter pour rebondir
Comme toujours, nous sommes responsables de nous-même, et responsables de ce que nous faisons d’un échec. Libre à nous donc de décider de nous apitoyer sur notre sort, d’accuser quelqu’un ou même tout le monde, de baisser les bras, d’abandonner ou de rebondir. Nous avons toujours le choix, et ce que nous faisons de cet échec nous appartient totalement. Échouer et rebondir, c’est développer sa confiance en soi. J’apprends de mes échecs et cela me rend plus fort et plus humble. Les milieux scolaires, universitaires et du travail auraient tout à gagner à considérer et à s’approprier cette approche.
Garder en tête que c’est rarement blanc, ou noir
Ce qui est un problème pour vous passera sans doute inaperçu pour un autre. Là où vous voyez une catastrophe, d’autres voient un problème avec un solution. Là où beaucoup voient nos sociétés sur le point de s’écrouler, je vois un monde meilleur riches d’hommes et de femmes plein de ressources. Si vous pensez que tout est possible et que vous acceptez la possibilité de l’échec, vous vous lancerez plus facilement, vous aurez moins peur. Comme de marcher sur un tapis de mousse au milieu d’une piscine. Bien sûr vous pouvez tomber, mais le savoir d’avance et s’y préparer rend l’aventure plus abordable, excitante même.
Se définir des objectifs raisonnables
La réalité n’est-elle pas en décalage avec votre référentiel ? Alors prenez conscience de ce qu’il est. Réussir, cela commence où ? Cela commence quand ? Avec quelle note ? Avec quel temps ou quelle place à l’arrivée ? Si vous vous comportez avec comme base votre vision de la perfection, il est fort probable que vous soyez (toujours) déçu, et alliez d’échec en échec. Voulez-vous y arriver pour vous, pour quelqu’un d’autre ou pour une petite voix dans votre tête qui dit que pour être quelqu’un, il faut réussir ceci ou cela ?
Voyez l’échec comme une marche vers le sommet, pas comme un vide sous vos pieds
Échouer, c’est faire un pas en avant, certainement pas un pas en arrière. Et ce même si vous devez rempilez pour un an pour un examen raté. Il ne s’agit alors pas d’un an de perdu, mais d’une année pour vous reprendre, envisager les choses sous un nouvel angle et continuer à grandir. Ce n’est jamais du temps perdu ! Vos échecs contribuent à faire de vous ce que vous êtes. Et c’est à vous de décider de ce que vous êtes !
Lancez-vous !
Pour faire un truc qui cartonne, et ce quel qu’en soit le domaine, un seul essai ne suffit le plus souvent pas. La majorité des grandes réalisations sont le résultat de dizaines, de centaines voire de milliers de tentatives, de tâtonnements, de corrections, et d’échecs. Rappelez-vous de Thomas Edison. Quoi que vous souhaitiez, prenez l’initiative, devenez pro-actif, lâchez vous, relisez mon article sur le passage à l’action. Faites de votre mieux et quel qu’en soit le résultat, vous verrez le bien que vous en tirez. Et ne laissez personne vous juger pour avoir échoué une première fois. Désormais vous apprenez de vos erreurs, et la prochaine fois vous ferez bien mieux !
« Détournez-vous de ceux qui vous découragent de vos ambitions ».
Mark Twain
Et laissez vos enfants se tromper et échouer !
Les enfants qui grandissent dans des environnement surprotégés où tout est contrôlé partent avec une estime de soi défaillante. Cela peut mener à des épisodes d’anxiété et même à des phases prolongées de dépression. Pour grandir sainement, l’enfant doit échouer, et apprendre à grandir aussi de ces échecs, c’est là que tout commence !
Un travail fondamental dans mes séances de coaching
Accepter l’idée de l’échec est un sujet souvent abordé dans mes différentes approches en coaching de vie, en coaching mental, de manager ou de dirigeant ou en coaching d’équipes.
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Suggestion de lecture :
Charles Pépin
Les vertus de l’échec
Pocket – 2016
Frédéric Fanget
Je me libère
Odile Jacob – 2013
G. Bachelard,
La Formation de l’esprit scientifique
Vrin – 2000 (Edition originale : 1938)
Paul Watzlawick
Comment réussir à échouer
Seuil – 1991
Apprendre de ses erreurs
Cerveau et psycho N°87 – Avril 2017
David Roseberry
Giving up
New Vantage Books – 2017
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