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L’attachement « évitant »

Renaud Fulconis - L’attachement « évitant »

Attention !
Seul un psychiatre est en mesure de faire un diagnostic sur le style d’attachement qui peut être le vôtre. Si vous vous retrouvez dans ces lignes, n’en faites pas une généralité.

L’attachement « évitant » fait partie des styles d’attachement identifiés par John Bowlby et Mary Ainsworth.

Il se développe généralement dès la petite enfance, dans des environnements où les besoins affectifs de l’enfant ne sont ni accueillis, ni validés de manière cohérente par les figures parentales. Ce style se forme souvent lorsque les parents, bien que physiquement présents, se montrent émotionnellement distants.

Ils peuvent éprouver des difficultés à établir une proximité affective, être peu enclins au contact physique, et rarement offrir des gestes de tendresse tels que des câlins.

Par exemple, lorsqu’un enfant exprime de la tristesse, de la peur ou de la colère, mais qu’il reçoit en retour des réactions froides, critiques ou indifférentes, il comprend rapidement qu’exprimer ses émotions ne mène à rien de rassurant.

Une stratégie d’adaptation

Il apprend alors à les enfouir et développe une stratégie d’adaptation que l’on appelle parfois l’autonomie forcée : une manière de ne compter que sur soi-même pour ne pas souffrir du rejet. En surface, l’enfant au style d’attachement évitant peut sembler calme, indépendant, voire « sage ». Mais derrière cette façade se cache une coupure émotionnelle. Il s’est conditionné à ne pas ressentir ou à ne pas montrer ses besoins affectifs pour se protéger.

Ce mécanisme, bien qu’efficace à court terme, peut engendrer des difficultés profondes à l’âge adulte. Devenus adultes, les individus avec un attachement évitant ont souvent du mal à s’abandonner dans l’intimité. Le contact physique leur est peu familier, donc souvent inconfortable. Ils gardent leurs distances, expriment difficilement leurs besoins ou leur vulnérabilité, et peuvent même minimiser l’importance des relations affectives. Ils valorisent fortement l’indépendance. Cette indépendance peut en réalité masquer une peur profonde : celle de dépendre des autres, ou d’être blessés s’ils s’ouvrent véritablement.

Des difficultés au sein du couple

En couple, cela peut poser de réelles difficultés. Ces personnes peuvent être perçues comme froides, détachées ou peu investies émotionnellement. Elles peuvent être très expressives sexuellement en début de relation. Avec le temps, elles éprouvent des blocages face au désir, à la tendresse, ou au simple fait de recevoir des câlins. Il n’est pas rare qu’elles refusent un massage proposé par leur partenaire. Elles apprécieraient pourtant ce même geste venant d’un professionnel neutre, sans implication affective.

Elles peuvent parler aisément… tant que la conversation reste éloignée du domaine émotionnel. Dès qu’on aborde l’intimité ou les sentiments profonds. Elles se referment, évitent la discussion ou répondent par un laconique : « Je ne sais pas. »

Cette posture peut susciter une grande frustration chez leur partenaire, qui se sent mis à distance, peu désiré(e), voire exclu(e) du lien affectif. Et pourtant, ce n’est pas un manque d’émotion : c’est une stratégie de défense profondément ancrée.

Incapables de partager leur monde intérieur, ces personnes se réfugient souvent dans le travail, les loisirs ou les relations amicales. Elles s’occupent, se surchargent, remplissent leur emploi du temps… Au point que leur partenaire peut se retrouver relégué au second plan.

En aucun cas, une fatalité

La bonne nouvelle, c’est que rien n’est figé. Avec du temps, une meilleure connaissance de soi, un environnement affectif sécurisant, et parfois l’aide d’un thérapeute, il est tout à fait possible d’évoluer vers un attachement plus sécure. On peut réapprendre à faire confiance, à s’ouvrir, et à construire des relations plus profondes et épanouissantes.

En résumé, l’attachement évitant n’est pas un défaut, mais une réponse de protection face à un manque de sécurité émotionnelle dans l’enfance. En en prenant conscience, on peut commencer à déconstruire les murs que l’on a bâti pour se protéger, et retrouver le chemin d’une connexion plus authentique, avec soi-même et avec les autres.

Ce chemin est souvent facilité lorsqu’une personne à l’attachement évitant partage sa vie avec un, ou une, partenaire compréhensif·ve, patient·e, et émotionnellement disponible.