ArticlesEstime de soi

Faire taire le critique intérieur

Renaud Fulconis - Faire taire le critique intérieur

Pour développer notre estime de soi, faisons taire notre critique intérieur !

Vous l’entendez la petite voix ?

Celle qui dans certaines circonstances peut vous dire :
– Tu es nul(le), tu me fais honte, tu es moche, tu es bon(ne) à rien, tu racontes n’importe quoi, tu es incapable, ton avis n’intéresse personne, tu es insupportable, tu n’as rien à faire ici, tu n’es rien comparé(e) à lui ou à elle, pauvre gars, pauvre fille, et même parfois, tu es de trop…

Quand cette petite voix de l’ombre se fait entendre, elle coupe notre élan, nous dissuade d’avancer, nous fait tourner en rond voire nous paralyse, nous angoisse, nous rend timide, nous déprime, nous empêche de vivre normalement et de nous épanouir vraiment.

Une bonne proportion des personnes que j’accompagne en coaching l’entendent et vivent avec.

Le critique intérieur, c’est l’annihilation de notre formidable potentiel. 


Quelle est son origine ?

Le critique intérieur est une des manifestation de l’enfant intérieur, celui qui subsiste en nous, qui que nous soyons, tout au long de notre vie. Il agit comme le ricochet d’un discours parental entendu dans l’enfance. Comme je l’écrivais dans un article précédent, nous sommes toutes et tous issu(e)s d’un certain nombre de dysfonctionnements dans la manière dont nous avons été élevé(e)s, et avons grandi, et ce même si nos parents (et les autres figures d’autorité, même récentes) ont fait de leur mieux. Des pensées critiques à notre égard sont l’écho de paroles souvent entendues, même si cela date de très nombreuses années*.

Quel est son rôle ?
Paradoxalement, ce critique intérieur qui peut nous pourrir la vie et contribuer largement à notre déficit en estime de soi souhaite que nous soyons heureux en nous protégeant de la souffrance et de la honte. Si j’ai grandi en pensant (en entendant) que j’aurais pu mieux faire, je peux me conforter dans l’idée que je n’y parviendrai jamais, ou alors au contraire souhaiter devenir parfait. Un objectif impossible puisque rappelons le, la perfection n’existe pas. La définition du mot est par ailleurs  propre à chacun de nous. Ainsi, mes actes sont en corrélation avec ce que me répète mon critique intérieur. Je me nourris de tout ce qui vient lui donner raison, et suis imperméable à ce qui pourrait le contredire.

Alors comment m’en débarrasser ?


Voici quelques pistes pour le faire taire :

Commencer par en prendre conscience

Le critique est là, bien là, alors quand il se manifeste, accordez lui un peu de temps. Une critique peut être bénéfique, mais là, est-ce la cas ? Il est fort probable que non. Alors est-ce crédible ? Est-ce rationnel ? Est-ce factuel ? Ce critique intérieur peut nuire considérablement à votre épanouissement et pourtant, comme chacun d’entre nous, vous avez le droit d’être heureux et de vivre la vie que vous aimeriez, ou tout du moins de vous en rapprocher. Prendre conscience de ce qui se passe en nous, reconnaître et donner à la manière dont sont formulées nos critiques intérieures (comme nos émotions) permet peu à peu d’en limiter l’impact. L’inverse est tout aussi vrai.

Gardez en tête que votre critique intérieur à une très forte capacité à se focaliser sur les mauvaises appréciations. Elles viennent en effet renforcer ce que vous pensez déjà de vous.

Difficile de voir ce que l’on fait de bien quand c’est contradictoire avec ce que l’on sait de soi, de surcroit depuis l’enfance.

 

Poser sur vos actes et vos paroles un regard objectif

Ce critique intérieur nuit à vous permettre d’être vous-même. Cette stratégie de l’échec fait partie de vous, mais désormais, vous allez (re)prendre le contrôle. Vous avez commencé par prendre conscience de sa présence, et maintenant, vous pouvez mesurer sa pertinence. Quand le critique se manifeste, demandez-vous si ce qui en ressort tient la route. Est-ce réaliste ? Qu’en disent les autres ? C’est vrai quoi, les avis du critique sont-ils partagés par d’autres ? Que dit votre meilleur ami par exemple ? L’idéal, est de se servir de lui. L’utiliser afin de développer son esprit critique est une chose positive, et poser sur vos actes et vos paroles un regard objectif est le signe d’un gain considérable en estime de soi.

Transformez la critique en anticipant les obstacles et en agissant
Votre critique intérieur traduit généralement une forme de peur. Préparez-vous à y faire face, si vous vous retrouvez confronté à une situation identique.

Comment allez-vous vous y prendre ?
Si votre critique vous rabâche les oreilles en vous disant que vous êtes bon(ne) à rien et que vous l’écoutez depuis toujours d’une oreille convaincue, vous allez sans aucun doute dans son sens et les résultats de vos actes viendront très probablement confirmer qu’en effet, vous n’êtes bon(ne) à rien. Notre cerveau et nos corps se conditionnent en conformité avec les consignes données et avec ce que nous croyons de nous, des autres, des la vie. Nous pouvons être prisonnier de croyances limitantes. J’y reviendrai.


Vous n’êtes pas nul(le)

Vous pensez que vous êtes nul et que vous n’avez rien à dire avant de parler en public ?
Il est peu probable que vous fassiez une prestation mémorable.

Vous pensez que vous êtes sous entrainé et que vous n’êtes pas à la hauteur du trail dont vous prenez le départ ?
Estimez-vous heureux si vous passez la ligne d’arrivée dans les temps.

Vous pensez que votre patron vous juge incompétente et vous êtes persuadé qu’il a raison ?
Votre travail a de bonnes chance d’aller dans ce sens. Il sera sans doute moyen, conforme à l’image que vous avez de vous, et qui d’après vous est partagé par votre boss.

Cela dit vous savez quoi ?
Plutôt que se convaincre d’une chose positive en espérant qu’elle survienne, anticiper les obstacles et se préparer à les affronter semble avoir des bénéfices plus grands. Comme le dit le psychologue Yves-Alexandre Thalmann, « …cela permet de réintégrer la responsabilité personnelle dans le processus. »

Si vous avez conscience de votre critique intérieur, que vous posez sur lui un regard objectif et faite votre possible pour la ramener à des informations factuelles et qu’enfin, vous anticipez son retour en sachant comment réagir, vous allez gagner en estime de soi.

Cela vient confirmer les bénéfices de l’action, déjà mentionnées dans mon article précédent.  Pour développer son estime de soi, agir est un élément essentiel. Logique, les clefs de l’estime de soi se complètent comme les pièces d’un puzzle.


Et si vous arrêtiez de vous excuser sans cesse ? 

Faites vous partie de celles et ceux qui s’excusent sans cesse, et même dans des situations où vous n’êtes en rien responsable ? Vous est-il arrivé de dire « Pardon » à quelqu’un qui vous bousculait dans la rue ? S’excuser sans cesse ne sert en rien votre estime de soi, et a même tendance à conforter son manque. Reconnaitre ses tords est une force, mais seulement quand vous êtes vraiment responsable et que c’est approprié.

Une exception cependant. Dans un conflit avec quelqu’un, il est généralement utile, pour le bien de la relation, de reconnaître ses tords et de s’en excuser. Cela ne veut pas forcément dire que vous avez tord et l’autre raison, cela signifie que vous tenez à la qualité de cette relation, et que vous êtes pour cela prêt à remballer votre ego. Que l’autre le fasse également ou pas n’a pas d’importance. C’est d’abord pour vous, et pour la relation que vous entretenez avec l’autre que vous le faites.

Ainsi, s’excuser d’une manière appropriée et reconnaitre ses torts nourrit votre estime de soi, s’excuser sans cesse produit l’inverse.


Un travail fondamental dans mes séances de coaching.


Le critique intérieur est forcément abordé à un moment ou à un autre lors d’une session de coaching. Les messages entendus alors que nos étions enfant perdurent parfois à l’âge adulte. En effet, si nous sommes toujours les enfants de nos parents, nous finissons par devenir des adultes, au même titre qu’eux. Une évidence qui ne l’est pas toujours pour de de nombreux parents. C’est dans ce cas souvent plus dur encore de s’en libérer et de permettre à son potentiel, comme à sa personnalité de s’épanouir.

Pour évoquer votre critique intérieur je vous proposerai d’évoquer des situations vécues et d’exprimer votre ressenti. Nous pourrons si c’est nécessaire, utiliser des outils comme le photolangage. Comme pour les autres aspects à développer pour renforcer son estime de soi, faire taire le critique intérieur contribuera à vous faire gravir vos montagnes. C’est possible, vous le pouvez ! Aucun doute la dessus.

Un commentaire, une question ? Écrivez moi

 

* Les pensées critiques à notre égard peuvent, notamment, découler de ce que le Psychiatre Eric Berne, père de l’Analyse transactionnelle nomme les injonctions. Des messages inhibiteurs délivrés dès l’enfance par nos parents et autres représentants de l’autorité.  J’y reviendrai en détail dans un futur article.


Pour aller plus loin
:

Revenez ici régulièrement pour lire la suite ou contactez-moi pour bénéficier d’une première séance gratuite. L’occasion de faire le point sur votre situation et d’envisager si vous le souhaitez, que je vous accompagne pour une session de coaching.


Suggestion de lecture
:

Hal et Sidra Stone
Le critique intérieur
Éditions Le souffle d’or

Dr. Elaine N. Aron
Clouer le bec à son critique intérieur

Éditions Eyrolles – 2016

Ilios Kotsou
Éloge de la lucidité : se libérer des illusions qui empêchent d’être heureux

Éditions Poche Marabout – 2019

À lire également, mes autres articles sur l’Estime de soi :
Se connaître
Être honnête avec soi-même
Agir
Je ne suis pas responsable des émotions des autres
Accepter l’idée de l’échec